CAARUD Entr'Actes - Rapport annuel 2022

6 CAARUD ENTR’ACTES - RA 2022 Nous constatons une stabilisation des seringues distribuées par rapport aux années précédentes. Il convient de relever que nous avons une hausse considérable du taux de récupération des seringues souillées atteignant 82% (59% en 2021). Une augmentation plus que satisfaisante, qui peut s’expliquer, d’une part, par la mise à disposition en 2022 de containers de récupération de taille différente plus adaptée aux besoins des usagers et d’autre part, par la discrétion que l’unité mobile peut garantir aux usagers qui ramènent plus facilement leurs containers. Au-delà des seringues, l’ensemble du matériel proposé fait état d’une très forte augmentation, laquelle est davantage constatée par l’activité de l’unité mobile. Cette année, nous avons expérimenté différents outils proposés par SAFE avec 10 usagers :  Pipe universelle : outil innovant pour les fumeurs, adapté pour les cailloux, cristaux et poudre. Cette pipe, munie de filtres en cellulose pour réduire l’inhalation de particules, permet de chauffer sans support métallique (15 pipes distribuées)  Le Kit MAD : un spray nasal à vaporiser finement dans les sinus, qui réduit les dommages au niveau de la cloison nasale. Cet outil peut également permettre aux personnes injectrices de mettre au repos leur système veineux, tout en gardant un rituel de préparation (40 kits distribués)  Bicarbonate en unidose pour baser la cocaïne (transformation de poudre en cristaux afin de pouvoir la fumer) en remplacement de l’ammoniaque plus nocive et très utilisée (30 unidoses distribuées). Chaque nouvel outil dans une phase d’expérimentation fait l’objet d’un questionnaire que l’usager doit renseigner afin de favoriser l’évaluation de ces nouveaux matériaux proposés. Les usagers expérimentant la pipe universelle peuvent la retourner, usagée, afin d’analyser les résidus de produits et d’identifier l’éventuelle nocivité. Cette participation apporte un dédommagement d’une potentielle perte de produit par l’octroi d’un ticket service d’une valeur de 10 €. Au- delà de l’amélioration du matériel proposé, l’expérimentation de ces différents outils valorise le savoir expérientiel des usagers en les plaçant au centre de cette recherche. Par ailleurs, ces outils ont été l’occasion pour l’équipe de faire un point, avec les usagers participants, sur leurs consommations et leurs prises de risques. Dans le cadre de sa mission de RDR et de veille sanitaire, une partie de l’équipe s’est formée à l’analyse par Chromatographie sur Couche Mince (CCM). L’objectif est d’offrir un outil permettant aux usagers demandeurs d’analyser leur produit afin de mieux en connaître la composition et donc les risques. Le principe est de déterminer les principales drogues et produits de coupe contenus dans le produit, sans notion de quantité ou de « pureté ». Seuls les personnels formés peuvent proposer à l’usager de réaliser la collecte par toxitube, suite à un entretien préalable orienté sur la réduction des risques et le contexte de la demande. Les éléments sont envoyés au laboratoire, dont la gestion est assurée par la Sauvegarde 71 à Châlon. 5 tests ont été réalisés cette année. Un test a nécessité un envoi au laboratoire SINTES (Système d’identification national des toxiques et des substances) pour confirmation de produit de coupe, qui n’avait pas pu être identifié par la CCM. L’un des tests, censé identifié de la cocaïne, a révélé la présence d’héroïne, ce qui a permis d’alerter le centre d’addictovigilance (CEIP). III.1.f. La médiation : L’implantation de nos services en zone urbaine dans des copropriétés crée des tensions et des difficultés avec le voisinage. Une réunion formelle est proposée au voisinage chaque année pour permettre à chacun d’exprimer ses difficultés et trouver des pistes de solutions. Depuis la période sanitaire, nous avons omis de remettre en place ces temps de réunion. Des tensions très fortes sur notre site de Montbéliard nous ont amenés, au-delà des échanges individuels, à proposer au voisinage un temps d’échanges collectif. Considérant que l’implication des usagers sur cette problématique est nécessaire, le sujet a été abordé en CVS. Certains usagers ont exprimé le souhait de participer à ce temps d’échanges qui a été construit avec eux, de l’élaboration de la lettre d’invitation à leur participation aux échanges. Les usagers se sont investis dans l’accueil du voisinage en participant à la confection de gâteaux et à la préparation de la salle pour en faire un lieu organisé et convivial. L’un des usagers a préparé avec l’équipe le texte pour introduire la rencontre. L’équipe, en amont, a échangé et préparé les usagers aux potentiels discours du voisinage. La rencontre, réunissant 4 voisins, 6 usagers, une partie de l’équipe et la direction, a été confrontante avec des propos parfois violents et stigmatisants des voisins. Néanmoins, les usagers ont réussi à verbaliser ce que ce lieu leur apportait, tout en rejoignant le voisinage sur les nuisances engendrées. Sans être magique, les témoignages des usagers ont permis aux voisins d’entendre et peut-être de modifier leurs représentations. Des pistes d’amélioration pour favoriser une meilleure cohabitation ont été envisagées et semblent produire des effets : les tensions semblent apaisées à ce jour, les usagers faisant preuve de davantage de vigilance sur leurs comportements à l’extérieur, qui peuvent être source de tensions.

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